L’hypersensibilité rime-t-elle avec fragilité?
Don ou poison?

Qu’est-ce que c’est, à quoi ça sert.

Dans mon cabinet j’entends souvent mes patients me parler de leur culpabilité, au départ principalement en s’en plaignant. Certains d’entre eux sont tyrannisés par celle-ci, comme écrasés, pétrifiés à l’idée d’agir et de commettre (ou d’avoir commis) une erreur qui les entrainerais à rencontrer cette culpabilité tyrannique et finalement destructrice. Ils se sanctionnent durement en s’adressant des reproches, se dénigrent, se jugent.

Certains sont comme englués dans cette culpabilité, coincés dans une impasse qui les conduit à répéter sans cesse les mêmes schémas, les mêmes comportements toxiques envers eux-mêmes et parfois envers leurs proches également. Par exemple en surréagissant de manière agressive face à une remarque plus ou moins anodine, ou bien en renversant une situation pour éviter d’occuper la place du coupable, ou encore en mentant pour éviter d’être confronter à ses torts.

La culpabilité, c’est quoi ?

C’est un sentiment de faute que l’on ressent, sans pour autant que cette faute ait été réellement commise. En effet, cette dernière peut être totalement imaginaire.

La culpabilité survient par exemple lorsque nous faisons une action, ou lorsque nous éprouvons un désir qui n’est pas en adéquation avec ce que l’on souhaiterait être idéalement.

Elle implique donc le regard que l’on porte sur soi, ainsi que le regard supposé de l’autre sur soi (cet autre que nous avons intégré en nous au cours de notre développement psychoaffectif à partir des différentes rencontres que l’on a faite avec autrui, et notamment avec ces premiers autres que sont nos parents et plus largement ceux qui se sont occupés de nous dans nos premières années).

Elle peut regrouper un ensemble d’émotions telles que la honte, la tristesse, la colère, le mépris, le jugement. Elle peut entrainer de profonds mouvements de dévalorisation allant parfois jusqu’à remettre en question la personne jusque dans les fondements même de ce qu’elle est, à remettre en question qui elle est, sa légitimité à exister, son droit de jouir de la vie.

Si au départ pour beaucoup de patients, elle représente un danger, une menace, à quoi sert la culpabilité ? Pourquoi sommes-nous confrontés à ce sentiment ?

Cela va peut-être vous surprendre, mais elle est une alliée face à la puissance de certains désirs (conscients et inconscients), ou de certaines pulsions. Elle est comme un rempart qui nous protège de nous-même.

Par exemple, lorsque vous blessez une personne que vous aimez, vous éprouvez de la culpabilité, peut-être des remords, vous avez envie de vous excuser ou d’agir de manière à réparer le tort que vous avez causé. Si vous n’aviez pas de sentiment de culpabilité, vous continueriez surement à agir de la même façon, blessant ainsi cette personne à plusieurs reprises. Celle-ci pourrait alors finir par vous en vouloir, ou bien, plus radicalement, par mettre un terme à la relation. Si votre souhait est de maintenir ce lien, la culpabilité est donc protectrice. Elle nous permet de venir interroger nos désirs, nos actions, afin de définir s’ils sont en adéquation avec ce que nous voulons être, ce que nous voulons vivre, ou alors si nous devons y renoncer ou les adapter.

Alors pourquoi chez certaines personnes la culpabilité est si destructrice, si violente ? Pourquoi finit-elle par se retourner contre eux ? Pourquoi peut-elle conduire certains à l’inaction, ou bien à l’inhibition ?

Je ne saurai répondre à cette question par une simple phrase. Chaque parcours de vie est unique, et c’est bien dans la singularité de chaque histoire qu’il faut aller puiser pour comprendre comment s’est construit notre propre rapport à la culpabilité lorsqu’elle est démesurée, écrasante ou lorsqu’elle nous entraine vers des comportements toxiques.

Cela peut-être la résultante de traumatismes dans les interactions avec l’autres. Par exemple lorsque nous avons été constamment culpabilisés à la moindre de nos actions dans notre enfance. Ou encore lorsqu’un enfant a vécu une situation qu’il n’était pas en mesure de comprendre par son immaturité et face à laquelle il n’a trouvé d’autre réponse pour l’assimiler que celle d’imaginer que la situation est survenue par sa faute.

Je repense ici à l’un de mes patients très sensible à la culpabilité, dont la sœur décéda brutalement au cours de sa 6ème années, sans que personne ne parvienne à trouver la force de lui expliquer pourquoi et comment cela était survenu.  Trop immature à l’époque pour imaginer et construire un scénario expliquant sa mort, il s’était persuadé enfant que c’était sa faute, ne trouvant d’autre explication que la jalousie qu’il avait parfois éprouvée envers elle, jalousie accompagnée par le désir de la voir partir de la maison (elle décéda peu de temps après son déménagement du foyer parental).

Si vous êtes vous-même tyrannisé par votre culpabilité, si les remises en question qu’elle entraine deviennent insupportables, si cela fini par vous gâcher la vie ou vous empêche d’être vous-même, il peut s’avérer utile d’interroger ce qui dans votre histoire vous a conduit à développer ce rapport démesuré à la culpabilité. Ce n’est pas toujours le fruit d’un traumatisme clairement identifiable au premier abord, cela peut être la résultante d’une multitude de microtraumatismes qui ne pourront se révéler à vous que par le biais d’un travail de réflexion personnelle permettant d’interroger votre histoire passée à travers le regard de l’adulte que vous êtes devenu, afin, souvent, de rétablir des vérités, de prendre conscience de certaines fausses croyances induites par des expériences passées, de déconstruire des schémas relationnels toxiques pour soi et ou pour les autres.

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